Le vilain petit canard… la Citroën Visa

Présentée en 1978, la Citroën Visa n’est pas vraiment considérée comme un des modèles emblématiques de la marque. Mal aimée, desservie par une silhouette peu commune et un intérieur étrange, la Visa a pourtant su évoluer en profondeur pour finalement séduire 1.254.390 clients dans le monde. En 1984 elle accueille une déclinaison GTI équipée du moteur de sa cousine la Peugeot 205. Cette Visa GTI est proposée au 1/18e par OttOmobile, l’occasion pour moi de vous présenter cette Visa si décriée !


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La miniature

C’est la Visa GTI dans sa première définition que le breton OttOmobile a choisi de reproduire au 1/18e. Sa présentation est à lire dans la rubrique Voitures miniatures.


L’histoire de la Visa débute à la fin des années 60 après la signature d’un accord entre Citroën et Fiat. Les deux constructeurs mettent alors en chantier le projet d’une petite citadine. Ce projet dénommé RA utilise la plate-forme de la Fiat 127. Il est rapidement décidé de ne pas y donner suite et Citroën lance alors un nouveau projet 100% maison dénommé Y. Ce dernier doit, à terme, remplacer la gamme des Ami. De nombreux prototypes sont construits et, alors que le projet Y approche de sa phase d’industrialisation, il est brutalement stoppé à la suite du rapprochement des marques Peugeot et Citroën*.

La future citadine Citroën devient alors le projet VD. Ce dernier doit utiliser un maximum de composants techniques provenant de la marque au Lion à commencer par la plate-forme de la Peugeot 104. L’équipe de stylistes placée sous la responsabilité de Jean Giret à la suite du départ de Robert Opron chez Renault prend alors le projet à bras le corps et donne vie à une silhouette reconnaissable entre toutes.

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Le prototype de la future Visa dans les ateliers du bureau d’études de Vélizy – photo extraite du très intéressant site Citroën Originis – www.citroenoriginis.fr

1978, la Visa est née. Ça c’est une annonce ! clame la pub

Le projet VD devient la Citroën Visa en 1978. Elle est disponible en trois finitions dénommées Special, Club et Super. Deux moteurs peuvent équiper la Visa, le bicylindre hérité de la gamme Ami et un quatre cylindres provenant de la 104.

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Le projet VD devient Citroën Visa en 1978 – photo issue du dossier de presse publié à l’occasion du lancement de la Visa

La nouvelle citadine est présentée au public au Salon de l’Automobile de Paris et sa silhouette est présentée dans de nombreux magazines à grand renfort de publicité. Ça c’est une annonce ! Ça c’est une auto !!

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De nombreuses publicités sont publiées dans la presse pour accompagner le lancement de la nouvelle Citroën Visa – photo issue du très intéressant blog LIGNES/Auto

L’accueil réservé à la Visa est assez mitigé et, malgré ses nombreuses qualités, la nouvelle automobile pâtit de son style original et de son habitacle trop typé.

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Le tableau de bord très design de la nouvelle Citroën Visa – photo issue du dossier de presse publié à l’occasion du lancement de la Visa – archives lov4wheels

Nous nous garderons de porter un jugement sur le plan esthétique : les clients décideront si la carrosserie Citroën est dans le vent.

André Costa, l’Auto-Journal – octobre 1978

Voici quelques extraits de l’essai de la Visa Club publié par l’Auto Journal en octobre 1978. En ce qui concerne le style, le magazine précise que « la ligne extérieure n’a pas remporté tous les suffrages. Que dire des garnitures intérieures dont les pois semblent indigestes à plus d’un. Le tableau de bord est tout aussi discutable, y compris le satellite qui a regroupé à main gauche l’essentiel des commandes ». La tenue de route « est digne des modèles précédents. Bien entendu le comportement rappelle beaucoup celui de la LN et donc de la 104 avec une très bonne stabilité en ligne droite. Les courbes et les virages serrés peuvent être abordés sans aucune appréhension. La Visa se couche, mais il est à peu près impossible de faire décrocher l’arrière ». André Costa conclut son essai ainsi « La Visa 4CV n’est pas révolutionnaire mais apporte une carrosserie à la mode et un moteur bicylindre conçu de façon moderne […]. Elle est aussi une voiture sûre, assez confortable, pas trop bruyante et surtout très pratique avec son arrière transformable. […] Nous nous garderons de porter un jugement sur le plan esthétique : les clients décideront si la carrosserie Citroën est dans le vent […] ».

Les clients justement ne se bousculent pas pour signer un bon de commande. Citroën réagit rapidement et lance de nouvelles versions et des séries spéciales suréquipées et à l’esthétique modifiée à l’instar de la Visa Super X.

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Citroën Visa Super X – photo extraite du très intéressant site Citroën Originis – www.citroenoriginis.fr

En 1981, la Visa est profondément modifiée et bénéficie d’un important restyling signée Heuliez. La ligne de la voiture est affinée à grand renforts d’enjoliveurs et de peinture noire en trompe l’œil. La recette fonctionne et les ventes reprennent.

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La Citroën Visa revue et corrigée par Heuliez – photo extraite du très intéressant site Citroën Originis – www.citroenoriginis.fr

Citroën poursuit son travail de dynamisation de la gamme avec de nombreuses séries spéciales et le lancement de versions atypiques à l’instar de la Découvrable et des versions sportives Chrono, Mille pistes et GT Tonic.

1984, voici la GTI !

En 1984, Citroën décide de surfer sur la vague GTI et présente une Visa éponyme équipée du moteur et du train avant de sa cousine la Peugeot 205 GTI. En septembre, les journalistes reçoivent un dossier de presse présentant la nouvelle locomotive de la gamme.

La Visa est propulsée dans le wagon de tête des petites bombes. Il faudra désormais compter avec elle lorsque l’on parlera de Golf, Renault 11 Turbo et autres 205 GTI.

Auto Hebdo, 20 septembre 1984
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Citroën Visa GTI – photo issue du dossier de presse publié à l’occasion du lancement de la Visa GTI – archives lov4wheels
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Citroën Visa GTI – photo issue du dossier de presse publié à l’occasion du lancement de la Visa GTI – archives lov4wheels

Voici quelques morceaux choisis de ce document : « Citroën présente au Salon de l’Automobile une nouvelle Visa, la Visa GTI, qui sera commercialisée au début de 1985. […] elle est équipée d’un moteur de 1580 cm3 à injection développant 105 ch DIN […] sa vitesse maximale est de 188 km/h. […] La Visa GTI répond aux goûts et aux attentes d’une clientèle de passionnés de la conduite, clientèle de connaisseurs intéressés par la personnalité et le caractère sportif d’un véhicule. La Visa GTI se caractérise par rapport aux autres modèles Visa par une présentation extérieure dynamique et agressive, alliée à un intérieur élégant et fonctionnel ».

La Visa GTI est bien accueillie par la presse qui voit en elle une nouvelle GTI dédiée à la famille grâce à son confort et à ses 5 portes.

Dans le N°438 d’Auto Hebdo publié le 20 septembre 1984, la Visa est bien accueillie par le magazine qui nous dit « la Visa est propulsée dans le wagon de tête des petites bombes. Il faudra désormais compter avec elle lorsque l’on parlera de Golf, Renault 11 Turbo et autres 205 GTI. Qui aurait pensé cela lors de sa présentation en 1978, avec sa bouille de grenouille au cœur battant au rythme de deux cylindres à plat ?! ».

Les premiers essais sont mitigés à l’instar de celui publié par l’Action Automobile dans son N°284 publié en décembre 1984. Le journaliste François Cardon n’a visiblement pas bénéficié d’un exemplaire correctement préparé et conclut son essai ainsi : « la Visa GTI bénéficie d’un comportement plus tolérant que celui de la 205 GTI et moins surprenant en utilisation sportive. […] il reste que la commande de boîte de vitesses pose quelques problèmes de sélection et que la direction – parce qu’un peu plus directe – nous a paru plus lourde que celle de la 205 GTI. La Visa GTI possède toutefois à son actif un meilleur confort que celui de la 205 GTI, et peut se prévaloir de l’avantage procuré par ses cinq portes ».

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L’habitacle de la Citroën Visa GTI – photo issue du dossier de presse publié à l’occasion du lancement de la Visa GTI

Dans son N°447 publié en novembre 1984, Auto Hebdo réalise un match entre la Visa GTI et la 205 GTI. Michel Salusse, l’auteur de ce dernier conclut ainsi ce comparatif : « On nous l’avait promise comme plus sportive que la 205 GTI dont elle dérive étroitement sur le plan technique. Certes, sa direction est plus directe, sa transmission plus courte et ses suspensions, parait-il, plus dures. En fait, le seul point sur lequel elle représente un réel progrès, c’est le confort car cela reste le point faible de la Peugeot, faut de sièges adaptés. Pour le reste, la Visa rentre un peu dans le rang des petites sportives en soutenant la comparaison la tête haute. Si, au contraire, on prend comme base la trop fade Visa GT, le progrès est important en matière d’agrément et de performances, ainsi qu’en présentation et en équipement. La 205 est beaucoup plus silencieuse, mais les instruments sont identiques dans les deux autos et correspondent aux vœux du plus grand nombre. […] A 66.500 francs, la Visa en écrase plus d’une, surtout en quatre portes. Dans ce contexte, sachant qu’elle pourra recevoir une partie des kits mis au point par Peugeot, elle méritera de trouver acheteurs ».

En dépit d’une concurrence exacerbée, la Visa GTI bénéficie d’une bonne notoriété notamment grâce à l’incroyable publicité réalisée par l’agence RSCG et dans laquelle une Visa GTI blanche est catapultée du porte avion Clémenceau pour réapparaître sur le pont d’un sous-marin. Un épisode relaté dans le récent livre « Papa, maman et Citroën » écrit par Jacques Séguéla.

En 1987, la Visa GTI évolue en adoptant le moteur de 115 ch de la 205 GTI.

En juillet 1988, la Visa salue une dernière fois son public et prend sa retraite. Son histoire ne s’arrête pas totalement, la carrière de son dérivé utilitaire dénommé C15 se poursuivant jusqu’en 2005. Ce dernier aura quant à lui été produit à 1.181.471 unités ! Finalement, cette automobile si décriée a été pour la marque Citroën un véritable succès !


*Le projet Y dans sa version 3 portes aura finalement une suite commerciale et deviendra en 1981 l’Oltcit, une petite citadine fabriquée et commercialisée en Roumanie. Cette voiture sera également vendue en France à partir de 1984 sous le nom de Citroën Axel.

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Citroën Axel – photo extraite du très intéressant site Citroën Originis – www.citroenoriginis.fr


Dans ma bibliothèque…


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La Citroën Visa de mon père, écrit par Gilles Colboc aux éditions ETAI. Le seul ouvrage publié sur cette automobile qui ne déchaîne pas les foules.
Papa, maman, Citroën – 100 ans de publicité Citroën par Jacques Séguéla

La Visa GTI en vidéo

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