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Ferrari F40

Le 21 juillet 1987, Ferrari dévoile son nouveau joyau : la F40. Célébrant 40 années de production du cheval cabré, cette dernière marque les esprits avec sa plastique de rêve et sa vitesse de pointe qui, avec ses 321 km/h, en fait la voiture la plus rapide du monde lors de sa commercialisation. GT Spirit vient de présenter sa F40 au 1/18ème, l’occasion pour moi de vous présenter celle qui restera pour tous les passionnés comme l‘une des plus belles voitures au monde. Avec l’aide de Pierre Dieudonné, Jean-Pierre Jabouille et Henri Pescarolo, je vous propose de voyager dans le temps et de revenir à l’approche de l’été 88, lors des premiers essais de la F40. Vous êtes prêts ?… C’est parti !

Ferrari F40 (photo Ferrari)

Le temps est pluvieux en ce mois de mai 88 avec des niveaux record de précipitation partout en France. L’actualité est riche en événements avec la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République et le sommet Reagan-Gorbatchev qui se tient à Moscou. Sur la planète automobile, les nouveautés se succèdent. Fiat vient de présenter sa Tipo et Renault sa R19. La R25 vient d’être restylée, la version break de la Peugeot 405 débarque dans les concessions et du côté des GTI, Opel présente sa Corsa GSi et Volkswagen, sa Polo G40. Pourtant la presse spécialisée ne regarde que dans une seule direction : l’Italie ! Il faut dire que l’effervescence est à son plus haut niveau à Fiorano où se tiennent les essais de la toute nouvelle Ferrari F40.

Voulue par Enzo Ferrari pour célébrer dignement les 40 ans de la marque, la F40 puise ses racines dans la 308 GTB présentée en 1975 et surtout, dans la 288 GTO. Commercialisée en 1986, la 288 GTO devait permettre l’homologation en Groupe B d’une version extrême dénommée 288 Evoluzione destinée à concurrencer la Porsche 959 Groupe B. 

Ferrari 288 GTO (photo Ferrari)

Avec l’arrêt brutal des Groupe B (lire aussi l’article Henri Toivonen et la Lancia Delta S4), le programme Evoluzione a été stoppé net. Il a néanmoins servi de base pour une voiture à la ligne époustouflante : la Ferrari F40 !

Ferrari 288 Evoluzione : celle qui engendra la F40. 5 exemplaires seulement ont été fabriqués avant l’abandon du programme.

Elle ne ressemble à rien sauf à une voiture de course. J’aurais aimé la découvrir dans la rue, le choc doit être formidable.

Henri Pescarolo, l’Action Automobile juillet 1988

Il est vrai que cette dernière attire tous les regards. Dans le numéro 324 de l’Action Automobile publié en juillet 1988, le grand pilote Henri Pescarolo a eu « le souffle coupé » par la beauté de la F40 : « J’avais déjà vu de nombreuses photos de la F40, mais quand je l’ai rencontrée à Fiorano j’ai été subjugué. Elle rompt définitivement avec les lignes de la GTO, elle-même fille des BB. Elle oublie complètement qu’une de ses sœurs est la Testarossa (lire également l’article dédié à ce modèle emblématique). Elle ne ressemble à rien sauf à une voiture de course. J’aurais aimé la découvrir dans la rue, le choc doit être formidable. Sur un circuit elle est tellement à sa place qu’elle parait naturelle. […] Il se dégage de cette voiture une incroyable impression de puissance sans que l’élégance et la finesse propres à la marque aient été sacrifiées ».

Le numéro de l’été 1988 de l’Action Automobile est un numéro de rêve ! Non… je ne parle pas de la R19 mais bien des trois monstres sacrés essayés par Henri Pescarolo : la Ferrari F40, la Lamborghini Countach et la Porsche 928 S4 (archives lov4wheels)

Le pilote belge Pierre Dieudonné a eu, lui, la chance de pouvoir essayer la F40 sur route ouverte et de l’admirer dans la rue. Voici ce qu’il en dit dans le numéro 625 du magazine Auto Hebdo publié en mai 1988 : « Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur l’agressivité visuelle de la F40. Dès qu’elle pointe le museau, c’est l’ébahissement généralisé. Une auto de course est dans la ville et personne ne manque de s’en apercevoir. Elle provoque des attroupements sur les trottoirs et des réactions en tout genre de la part des autres automobilistes. Pour cette même raison aussi il faut la piloter avec la même vigilance qu’une voiture de compétition : certains se saisissent en la voyant arriver ; d’autres tentent n’importe quelle manœuvre pour s’en approcher. L’effet de surprise passé, on peut penser qu’elle figurera un jour parmi les grandes réussites stylistiques de la collaboration entre Pininfarina et Maranello : elle donne un coup de vieux à l’élégance gracile de la 288 GTO et sa pureté très aérienne dévoile un futur qui fait regarder la Testarossa d’un autre œil ».

C’est en mai 1988 que le pilote belge a pu avoir entre les mains l’un des tous premiers exemplaires produits de la Ferrari F40. L’essai a été publié dans Auto Hebdo. Un numéro collector ! (archives lov4wheels)

Les chiffres annoncés sont sans équivoque […] Rarissime, forçant le respect

Jean-Pierre Jabouille, l’Automobile Magazine juin 1988

Ses prestations techniques sont tout aussi incroyables. Jean-Pierre Jabouille, pilote de Formule Un, nous détaille les caractéristiques de la F40 dans le numéro 504 de l’Automobile Magazine publié en juin 1988 : « Rubis parmi les rubis, joyau dans son écrin : le moteur. Le V8 32 soupapes, quatre arbres de la GTO et de l’Evoluzione. […] En soulevant le capot rappelant celui des 512 qui s’illustrèrent au Mans, le plus blasé ne peut laisser s’échapper un sifflement admiratif. La fonderie des trompettes d’admission est une œuvre d’art. Le positionnement des échangeurs aux superbes soudures, la présence des raccords du type Aéroquip, les couvres-culasses trahissent l’expérience de la course. Seule concession au confort et à l’usage routier : les suspensions sont montées sur des silent-blocs et non sur des rotules. Les chiffres annoncés sont sans équivoque : 478 chevaux à 7000 tr/mn, 58,8 mkg à 4000 tr/mn et déjà 55 mkg à 3500 tr/mn. Rarissime, forçant le respect. L’inévitable comparaison avec la Porsche 959 (lire également l’article consacré à la 959) penche en faveur de l’italienne : près de 30 chevaux et pas loin de 9 mkg supplémentaires ».

Jean-Pierre Jabouille et Jacques Laffite essayent à leur tour la F40. C’est dans l’Automobile Magazine de juin 1988 (archives lov4wheels)

Pierre Dieudonné complète : « la F40 est la plus puissante et la plus rapide des Ferrari jamais mises sur la route. Donnée pour 324 km/h elle bat sur le papier tout ce qui a jamais existé ».

La Ferrari F40 mise à nu (photo Ferrari)

Et puis… il y a la musique, la sonorité du V8, feutrée mais rageuse

Jean-Pierre Jabouille, L’Automobile Magazine juin 1988

Ligne à couper le souffle, technologie de pointe et mécanique d’exception… les fées se sont penchées sur le berceau de notre F40 ! Les sensations au volant sont elles toutes aussi incroyables ? Là-dessus nos pilotes sont unanimes pour encenser la Ferrari. Pierre Dieudonné nous dit que « la F40 c’est de la mécanique et des sensations à l’état pur. […] Le jeu de l’accélérateur permet de choisir sa dérive… entre l’art et le désastre selon les compétences du dompteur ».

De son côté, Jean-Pierre Jabouille s’exprime ainsi : « me voilà seul avec la bête. Le tracé de la piste enfin mémorisé, j’attaque plus franchement. Je crois qu’il est inutile de vous expliquer en long, en large, peut-être en travers, combien pousse le moteur. Je vous fais grâce de l’évidence et des poncifs qui l’accompagnent. En revanche je m’attarde avec joie sur son impressionnante facilité d’utilisation. Temps de réponse quasi inexistant, montées en régime progressives, souplesse de 3000 à plus de 7000 tr/mn, gestion parfaite de l’injection comme de la double suralimentation, tous les ingrédients sont réunis pour que le conducteur se sente pousser des ailes. Et puis… il y a la musique, la sonorité du V8, feutrée mais rageuse ».

La Ferrari F40 (photo Ferrari)

Nous laisserons le mot de la fin à Henri Pescarolo qui conclue ainsi son essai : « L’un de mes plus beaux souvenirs de course est le Tour de France Automobile, uniquement parce que j’étais sur la route avec ma Matra des 24 Heures du Mans. A l’époque j’avais dit qu’une telle voiture serait la plus fabuleuse Grand Tourisme du monde. Ferrari exauce ce rêve avec la F40. … C’est certainement la voiture dont la conduite se rapproche le plus d’une voiture de course ».

Extrait du magazine l’Action Automobile juillet 1988 (archives lov4wheels)

Elle figurera un jour parmi les grandes réussites stylistiques de la collaboration entre Pininfarina et Maranello

Pierre Dieudonné, Auto Hebdo mai 1988

Ferrari avait prévu de fabriquer 400 exemplaires de la F40. La demande fut telle que la marque en fabriqua finalement 1311 avec en plus quelques exemplaires hors séries comme la F40 LM de 700 chevaux (18 exemplaires) ou la F40 GTE (19 exemplaires).

La F40 est depuis rentrée au Panthéon de l’Automobile. C’est un monstre sacré qui atteint des prix pharaoniques lorsqu’un exemplaire est mis en vente.


LA MINIATURE

Ferrari F40 by GT Spirit

GT Spirit vient de commercialiser une Ferrari F40 au 1/18ème éditée à 2100 exemplaires. Une nouvelle version de couleur jaune sera proposée cette fin d’année. Une très belle miniature !

Ferrari F40 GT Spirit (photo lov4wheels)

POUR ALLER PLUS LOIN…

Henri Pescarolo : pilote automobile français, Henri Pescarolo est très connu pour son record de participation aux 24 Heures du Mans (33 fois), et ses quatre succès sur le célèbre circuit de la Sarthe. Il a collaboré pendant de nombreuses années au magazine l’Action Automobile.

Henri Pescarolo au volant de la Ferrari F40 (archives lov4wheels – l’Action Automobile)

Jean-Pierre Jabouille : pilote automobile français. De 1975 à 1981, il a participé à 55 Grand Prix de Formule 1. Il est l’auteur de la première victoire de Renault en Formule 1, en 1979 à l’arrivée du Grand Prix de France à Dijon-Prenois. Avec Jacques Laffite, autre pilote français célèbre, il a collaboré au magazine L’Automobile pendant les années 80.

Pierre Dieudonné : pilote automobile belge, il est notamment connu pour ses nombreuses participations aux 24 Heures du Mans. Sa dernière victoire a lieu à Spa en 1994, sur une Ferrari F40. Il a collaboré au magazine Auto Hebdo pendant les années 80.


A bord de la Ferrari F40
Un peu long mais… le son est fantastique !

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