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La motte de beurre

Renault 4 CV

C’est la voiture de la reconstruction, la voiture des congés payés et de la Nationale 7… Surnommée la 4 pattes, la Quatche ou bien encore la motte de beurre, elle a permis a des milliers de français d’accéder à l’automobile après la seconde guerre mondiale. Voici une petite histoire de la Renault 4 CV !


La miniature

Solido vient de présenter au 1/18ème la Renault 4 CV dans une version découvrable de l’année 1951 et dans une version berline de l’année 1955.

Deux voitures à retrouver en détail dans la rubrique Voitures miniatures.


Etudiée pendant l’occupation, la Renault 4 CV a été présentée en 1946 au Salon de Paris. Avec son moteur à quatre cylindres positionné en porte à faux arrière, la 4 CV reprend, dans ses grandes lignes, le principe de la célèbre Coccinelle conçue par Ferdinand Porsche et présentée avant-guerre. Renault va cependant plus loin en dotant sa petite voiture de quatre portes. La 4 CV mesure 3,64 mètres, pèse 565 kg et son moteur développe la puissance de 17 chevaux qui lui permet d’atteindre la vitesse de 90 km/h.

Les premières 4 CV étaient recouvertes d’une peinture jaune en provenance directe de stocks de peinture allemand utilisé pour les engins militaires de l’Africa Korps. Cette couleur lui vaudra le surnom de « motte de beurre ». Rapidement, de nouveaux coloris feront leur apparition ainsi que de nouvelles finitions. Ici un modèle de l’année 1948. (©Renault)
Publicité pour la 4 CV publiée en 1948 (©Renault)

Sans atteindre au comportement vraiment dangereux des premières Volkswagen, la voiture française se montrait délicate à conduire sous la pluie, sous la neige et sur le gravier.

André Corsta, l’Auto-Journal hors-série L’aventure automobile des années 50

Dans le passionnant hors-série de l’Auto-Journal intitulé L’aventure automobile des années 50, le journaliste André Costa raconte ses souvenirs au volant des différentes voitures qu’il a pu essayer pour le magazine.

Dans le passionnant hors-série de l’Auto-Journal intitulé L’aventure automobile des années 50, le journaliste André Costa raconte ses souvenirs au volant, notamment, de la 4 CV (archives lov4wheels)

Au sujet des premières 4 CV, il écrit que « sans atteindre au comportement vraiment dangereux des premières Volkswagen, la voiture française se montrait délicate à conduire sous la pluie, sous la neige et sur le gravier. […] Je revins de mon premier voyage en 4 CV non seulement gelé jusqu’aux os mais encore pénétré d’un saint respect à l’égard des dérapages plus ou moins contrôlés – plutôt mal que bien en vérité – que la voiture dispensait avec une générosité sans pareille. […] Avec un poids qui n’était guère supérieur à 600 kg, la 4 CV atteignait dans ses jours de colère la respectable vitesse de 93,5 km/h et sa consommation était de l’ordre de 7 litres/100 km ».

Renault 4 CV Luxe 1950 (©Renault)

En 1949, Renault présente la version découvrable de la 4 CV, une berline dont le toit en toile peut se rabattre intégralement jusqu’au sommet du capot arrière. Cette même année est présentée la version Grand Luxe qui dispose d’un moteur de 21 chevaux.

En 1950, la forme de la plaque d’immatriculation fixée à l’arrière évolue. Elle est désormais détachée de la jupe et dotée d’un éclairage au centre. Un an plus tard, un nouveau combiné fait son apparition au centre de la planche de bord. Sa forme caractéristique lui vaudra le surnom de tableau de bord à oreilles.

En 1952, la gamme accueille une nouvelle finition Sport reconnaissable à son antibrouillard unique et à son avertisseur fixés, l’un et l’autre, de part et d’autres de la calandre.

En 1954, une nouvelle calandre à trois moustaches remplace la calandre à six moustaches des débuts et, en 1955, le motif de calandre rond inauguré l’année précédente est remplacé par un losange à fond rouge.

Malgré son âge, la 4 CV Renault fait preuve d’une belle vitalité.

André Costa, l’Auto-Journal n°125, 1er mai 1955

Cette 4 CV est la vedette du banc d’essai du numéro 125 de l’Auto-Journal publié le 1er mai 1955. C’est à nouveau André Costa qui est au volant. Il nous livre ses impressions de conduite : « […] Nous avons retrouvé la stabilité de la 4 CV absolument inchangée : stable en ligne droite, la voiture est sensible au vent, goûte peu les pavés mouillés, réclame des pneumatiques et des amortisseurs en bon état et survire dans les virages pris à grande vitesse. Nous avons cependant constaté que la « 55 » paraît mieux « s’accrocher » sur ses pneumatiques. Ce fait rend la conduite à vitesse moyenne plus orthodoxe, mais tend à retarder, et même à contrarier, les dérapages contrôlés qui rendaient la 4 CV tellement maniable en virages à grande vitesse pour un conducteur sportif et expérimenté. […]  La suspension est demeurée semblable à elle-même : ferme, dure même sur certains revêtements, mais permettant de contrôler la voiture comme il convient. […] La direction n’a également subi aucune modification sensible et sa douceur ainsi que son rayon de braquage peuvent toujours être portés à son crédit. ».

Il poursuit son article en s’attardant sur la finition et le confort de la 4 CV : « Si les lignes générales de la voitures sont inchangées, sa présentation générale s’est améliorée. Un peu de goût, un choix de petites modifications dans certains accessoires ainsi que dans les coloris intérieurs ont fait beaucoup pour rendre l’habitacle plus avenant. […] Les nouveaux sièges avant à dossier enveloppant sont confortables. […] A l’arrière, si les passagers disposent d’un volume légèrement plus important pour les jambes, le confort de la banquette se trouve amoindri par sa minceur nouvelle. […] La contenance du coffre à bagages a nettement augmenté, mais demeure néanmoins insuffisante. ».

Renault 4 CV 1955 (©Renault)

La conclusion est très positive pour la puce de Billancourt : « Malgré son âge, la 4 CV Renault fait preuve d’une belle vitalité. ».

Publicité pour la 4 CV en 1955 (©Renault)

Cette vitalité fera d’ailleurs le bonheur des pilotes amateurs qui inscriront la 4 CV dans de nombreuses épreuves sportives et cela incitera Renault à créer une version sportive de la 4 CV : la 1063.

Renault 4 CV 1063 (©Renault)

Présentée en 1951, cette voiture est équipée d’un moteur profondément modifié qui développe désormais la puissance de 35 chevaux. Elle sera engagée dans de nombreuses courses et notamment les 24 heures du Mans ou les Mille Miglia en Italie. A son volant s’illustrera un certain Jean Rédélé qui créera en 1955 la marque Alpine avec l’A106, le premier coupé de la marque basé sur la mécanique de… la 4 CV !

En 1956, alors que la Dauphine fait son apparition dans la gamme Renault, la 4 CV reçoit un nouveau tableau de bord. En 1958, la gamme est revue à la baisse et la découvrable disparait du catalogue. La 4 CV perd ses jantes en étoiles et accueille des modèles à voile plein héritées de la Dauphine.

Renault 4 CV Sport des derniers millésimes. Les jantes étoile ont laissé la place à des jantes pleines issues de la Dauphine (photo WheelsAge.org)

En juillet 1961, alors que Renault présente sa nouvelle 4L, la dernière 4 CV quitte les chaînes de fabrication. Au total, 1.105.547 exemplaires ont été assemblés à Billancourt, aux portes de Paris, mais également dans l’usine de Flins ainsi que dans de nombreux pays dans le monde, y compris au Japon où elle sera vendue sous la marque Hino.

Renault 4 CV Hino (photo WheelsAge.org)

La 4 CV a connu une carrière internationale et a joué un rôle important pour la reconstruction du pays en faisant rentrer des devises et en permettant à de nombreux français d’accéder à l’automobile.

Publicité publiée en 1955 (archives lov4wheels)

Pour aller plus loin

A lire et à relire

L’histoire de la 4 CV est présentée de façon fort complète dans le livre de Patrick Lesueur intitulé La Renault 4 CV de mon père publié aux éditions ETAI. Ce livre a été écrit il y a de nombreuses années, il a été réédité en 2019 par l’éditeur.


Renault Fiftie

En mars 1996, Renault présente la Fiftie, un concept-car construit pour célébrer les 50 ans de la 4 CV ! Elaborée sur un châssis de Renault Sport Spider, elle est animée par un quatre cylindres 1,2 L que l’on retrouvera sous le capot de la Twingo quelques mois plus tard.

Pour en savoir plus sur la Fiftie, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de LIGNES/auto qui raconte la genèse de ce beau concept-car.