La légende raconte qu’elle aurait dû se prénommer Talbot Arizona… C’est pourtant sous la marque Peugeot que la 309 voit le jour en octobre 1985. Elle s’intercale dans la gamme entre la pétillante 205 et la vieillissante 305. Voici son histoire.
La miniature
OttOmobile vient de présenter la Peugeot 309 GTI Gr. A de François Delecour au 1/18ème. Un voiture qui est arrivée à la 9ème place du Monte-Carlo 1990 ! Cette miniature est à découvrir prochainement en détail dans la rubrique Voitures miniatures.
Au début de l’année 1985, les lecteurs de L’Auto-Journal découvrent en Une du n°2 les photos exclusives d’une future berline à 5 portes. Indécis, le magazine précise que ce prototype est appelé à succéder à la Talbot Horizon et qu’il pourrait prendre le nom de Talbot Arizona ou bien, compte tenu des nombreuses vicissitudes traversées par la marque de Poissy, intégrer la gamme Peugeot sous le patronyme de 206.
Vrai ou faux ?
Il a souvent été écrit que la 309 aurait dû être badgée Talbot. Dès demain, lov4wheels vous apporte, dans la rubrique Il était une fois quelques éléments pour y voir plus clair sur le sujet.
En octobre de la même année, les photos officielles de cette nouvelle berline sont diffusées officiellement. Cette dernière porte le nom de… Peugeot 309 !
Dessinée par les équipes du design de la marque au Lion, la 309 se présente sous les traits d’une sage berline bicorps équipée, comme les Renault 11 et 25, d’une vitre en forme de bulle à l’arrière. Sa plate-forme est dérivée de celle de la 205 (lire également l’histoire de la 205 dans la rubrique Il était une fois), élargie de 6 cm et allongée de 5 cm au niveau du plancher avant.
Dans L’Auto-Journal n°18 du 15 octobre 1985, Marianne Antoine et Florence Rémy nous disent du dessin de la 309 que : « La surprise est mince mais bien proportionnée. Et malgré les traits de parenté qu’on reconnait au passage – angle de la calandre, volet strié de l’arrière – ce n’est pas une 205 qui aurait mangé de la soupe. La bulle de la lunette, d’ailleurs, évoque une autre lignée (ça finit par 11 cherchez bien) mais le dessin carré du coffre stoppe net la ressemblance. L’arrière haut, affirmé, ne choque pas. Il semble seulement qu’un vrai becquet aurait agréablement valorisé cette mâle malle. La GR n’en possède pas et celui de la Profil ou de la GT a des timidités de vierge sage. »
La 309 hérite de deux moteurs issus de la Talbot Horizon et, en haut de gamme, de deux blocs plus modernes provenant de la Citroën BX et de la Peugeot 305. Uniquement disponible en 4 portes lors de son lancement – ces portières sont d’ailleurs identiques à celles de la 205 -, la 309 est proposée dans 5 finitions distinctes, la plus prestigieuse étant la version GT dont le moteur développe 105 chevaux.
« La 309 vient combler une lacune dans la gamme et assurer la pérennité des affaires de Peugeot qui reposaient jusqu’à présent essentiellement sur un modèle, la 205. La monoculture, c’est fini, et cette sage berline arrive à point pour parfaire le spectaculaire redressement économique de la marque de Sochaux. Un numéro à jouer placé au gagnant, les paris sont ouverts ».
Jean-Jacques Cornaert, Le Moniteur Automobile n°833 du 31 octobre 1985
Les versions GR et GT sont essayées par André Costa pour le compte de L’Auto-Journal. Publié dans le n°18 du 15 octobre 1985, son essai se veut optimiste quant à la carrière de la nouvelle Peugeot : « elle ne suscitera sans doute pas le même coup de cœur que la 205 […] mais, ses allures de petite bourgeoise quand même moderne et aussi ses mensurations sont de taille à pomper, au détriment de la concurrence et de la pauvre vieille 305, une importante clientèle, essentiellement friande d’un instrument de déplacement mais quand même exigeante, sur la sécurité, le confort et l’agrément de conduite. En bref, les arguments en faveur de la 309 ne manquent pas : ses performances sont très correctes, son appétit mesuré, ses qualités routières d’excellent aloi, son confort digne, au minimum, des meilleures parmi ses concurrentes directes et, enfin, son encombrement adapté aux exigences de la circulation urbaine. ».
Ces avis sont partagés par Jean-Jacques Cornaert qui, dans Le Moniteur Automobile n°833 du 31 octobre 1985, écrit : « la 309 est certainement un bon numéro. Sa conception a été soignée. […] Les qualités de confort et d’insonorisation, les motorisations bien choisies et économiques, des qualités aérodynamiques discrètes assureront à coup sûr un succès commercial mérité à la 309. ».
En 1986, une motorisation diesel développant la puissance de 65 chevaux intègre la gamme. Cette dernière était très attendue par les gros rouleurs !
C’est Robert Séjourné qui essaye cette nouveauté pour L’Action Automobile n°303 publié en septembre 1986. Il écrit : « d’une puissance de 65 chevaux et, surtout, doté d’un couple très favorable placé à un régime relativement bas, ce moteur procure à la voiture un agrément d’utilisation à faire pâlir de jalousie certains propriétaires de voitures à essence qui considèrent encore que le moteur diesel ne peut avoir qu’un rôle utilitaire ».
En 1987, une 309 à boîte automatique intègre la gamme.
Cette même année, la carrosserie de la 309 se décline dans une élégante version à 3 portes et la GTI fait son apparition ! Cette 309 en tenue de sport héberge sous son capot le célèbre moteur à injection de 1905 cm3 développant 130 chevaux issu de la 205 GTI 1,9. Elle adopte également son train avant à double triangulation ainsi que ses jantes en 15 pouces.
André Costa titre dans le n°2 de L’Auto-Journal du 1er février 1987 : « La Peugeot 309 GTI, du purgatoire au paradis ».
Ainsi gréée, elle gagne en dynamisme et devient la locomotive de la gamme comme nous l’écrit Jean-Jacques Cornaert dans le n°865 du Moniteur Automobile publié le 22 janvier 1987 : « Ah mais elle est bien en trois portes la 309, elle est nettement mieux. – C’était pas dur répond l’insolent. C’est vrai qu’elle est transformée, et c’est vrai que le maquillage GTI a été assez bien réussi. Reste à espérer que le public va mordre car c’est sur elle que repose la lourde tâche de dynamiser l’ensemble de la gamme 309 qui en a bien besoin ».
Dans ce même numéro, la 309 GTI est confrontée à ses rivales du moment, les Opel Kadett GSI, VW Golf GTI 16s et Renault 11 Turbo. Voici ce que nous pouvions lire dans ce comparatif : « précise, maniable, cette nouvelle GTI fait preuve d’un équilibre étonnant. Le sous-virage est inexistant alors que l’arrière dérive volontiers, mais sans excès, pour le plus grand plaisir du pilote qui trouve là une occasion d’accélérer encore plus tôt dans le virage. Ce qu’il peut faire sans retenue grâce à une motricité pratiquement parfaite. Au hit-parade de l’efficacité en conduite sportive, c’est bel et bien elle qui l’emporte, et nettement. […] La 309 possède de solides arguments pour s’attaquer à la suprématie de la prestigieuse Golf 16 soupapes. ».
L’année suivante, la GTI est déclinée dans une version 5 portes plus familiale et la GT disparait au profit d’une version SX qui, avec son pare-chocs avant équipé de projecteurs à longue portée, a des airs de GTI.
Nouvelle 309… toujours partante !
Le 26 avril 1989, dans le n°33 du magazine Auto Plus, Christophe Bonnaud nous dévoile « La nouvelle 309 » : « C’est une évidence, nous dit le célèbre journaliste, la 309 n’a jamais atteint ses objectifs de ventes en France. Lors du premier trimestre 89, la voiture plafonne à un peu plus de 4% du marché français contre 7,6% à sa première rivale, la Renault 19. […] Née en 1985, la 309 aura attendu quatre ans avant d’être restylée. La voici aujourd’hui surprise dans sa configuration définitive, en année modèle 1990 ».
Outre les photos du modèle définitif, nous apprenons dans cet article que Peugeot a prévu de commercialiser une version GTI16 équipée du moteur de la 405 Mi16 (lire également l’histoire de la 405 dans la rubrique Il était une fois) ainsi qu’une 309 turbo diesel.
Quelques mois plus tard, la 309 bénéficie en effet d’un important restyling qui lui permet d’affirmer haut et fort son appartenance à la marque Peugeot. A l’avant, le dessin de sa calandre à trois barrettes est semblable à celui de la 205. A l’arrière, ses feux qui semblaient issus de la 505 la rapprochent désormais de la récente et sexy 405. Le dessin de la bulle évolue légèrement et le seuil de coffre est abaissé. A l’intérieur, une nouvelle planche de bord fait son apparition ainsi que de nouveaux garnissages.
Sous le capot, les moteurs issus de l’Horizon disparaissent au profit de nouveaux blocs plus modernes. Le moteur diesel est quant à lui renforcé par une version turbo diesel plus performante. Avec ses 78 chevaux, « cette motorisation, écrit François Cardon dans L’Action Automobile, la hisse dans le peloton de tête, en concurrence avec la Tito et la Golf. A près de 100 000 F, elle n’est pas à proprement parler une affaire, mais son homogénéité globale et la réputation de Peugeot en matière de diesel peuvent faire la différence ».
Au sommet de la gamme, Peugeot réalise le rêve de nombreux pilotes en herbe en installant sous le capot de la légère 309 le moteur de la très sportive 405 Mi16. La 309 ainsi équipée prend le nom de 309 GTI16. Avec ses 160 chevaux et sa tenue de route diabolique, elle devient LA sportive de référence.
Ainsi modifiée, cette nouvelle 309 gagne en dynamisme et peut envisager sereinement sa deuxième partie de carrière.
La presse salue d’ailleurs le travail réalisé et, comme on pouvait s’y attendre, elle s’attarde longuement sur la version GTI16 qui déchaine les passions. La 309 GTI16 se retrouve ainsi à la Une du magazine Auto Plus n°92 publié le 12 juin 1990. Le magazine organise pour ce numéro un match d’envergure, « Les 24 Heures des 16 soupapes », dans lequel la 309 remporte haut la main la victoire.
Voici ce que le magazine écrivait au sujet de la super sportive du moment : « Dans cette catégorie, la supériorité de la 309 GTI16 est outrageante pour ses rivales. A la pointe de l’efficacité dans tous les domaines, elle sait aussi se montrer accueillante. Un talent rare. […] Cette 309 là ne se conduit pas, elle se pilote […] Son moteur délivre 160 pur-sang avec une souplesse et une rapidité étonnantes. […] Si les suspensions sont un peu fermes pour un usage familial, elles se révèlent très efficaces dès qu’il s’agit d’attaquer. La 309 vire à plat et s’inscrit vivement sur les trajectoires. Mais attention : si cette vivacité est appréciable sur circuit, elle peut s’avérer dangereuse sur la route. […] Le seul reproche que l’on puisse faire à cette star, est la couleur trop criarde de son intérieur. Bien peu de choses, vous en conviendrez. ».
En 1991, dans le n°161 du 8 octobre du magazine Auto Plus, la 309 est une nouvelle fois mise à l’honneur. Elle est en effet sacrée par le magazine “meilleure sportive française” lors des 1000 km de Montlhéry organisés par le magazine. Elle est opposée aux Alpine A610, Renault 21 Turbo, Citroen BX GTI 16, Peugeot 106 XSi, Citroen AX GTI, Peugeot 405 Mi16, Citroen ZX Volcane, Renault 19 16S, Renault Clio 16S et Peugeot 205 GTI 1,9 qui sera contrainte à l’abandon : « Beaucoup voyaient l’Alpine gagner. Elle termine à la deuxième place. […] Taillée pour ce genre d’exercice, la Peugeot est, sans contexte, la sportive la plus typée de la production française. Qu’elle remporte notre course n’a donc rien de vraiment surprenant ».
La 309 évolue ensuite par petites touches et accueille au sein de la gamme de nombreuses séries spéciales pour rester dans le coup face aux récentes Renault 19 et Citroën ZX. C’est ainsi que l’on voit apparaitre les 309 Chorus, Green, Vital, Best Line ou encore Oceane.
En Angleterre, la GTI est également déclinée dans une très séduisante version Goodwood de couleur vert anglais équipée d’un intérieur cuir et d’un volant en bois.
En 1992, alors qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, la 309 fait à nouveau la Une d’un magazine automobile. Il s’agit du n°216 d’Auto Plus publié le 27 octobre 1992 qui annonce sur sa couverture : « La 309 est-elle encore un bon achat ? ».
Elle est alors opposée à ses rivales les plus modernes comme la Citroën ZX, la VW Golf 3 ou bien encore, la Nissan Sunny. Le résultat est sans appel et la Peugeot perd l’ensemble des matchs. Cet article, et surtout la photo d’ouverture mêlant la 309 avec des dinosaures ne sera pas très appréciée par la marque…
Le 18 février 1993, Peugeot présente la toute nouvelle 306 qui signe la fin de la 309. Cette dernière quitte le catalogue à la fin de l’année. Elle a été produite à plus de 1,6 millions d’exemplaires et a été diffusée dans le monde entier, jusqu’au Japon et en Nouvelle-Zélande.
Pour aller plus loin…
C27, la declinaison a 4 portes de la 309
En complément de la berline à 5 portes, Peugeot étudie un dérivé à malle classique de sa future voiture. C’est le projet C27.
Une histoire à découvrir sur le site passionnant de Car Design Archives !
A lire
Un seul ouvrage existe à ce jour sur la 309. Intitulé La Peugeot 309 de mon père, il a été écrit par Jean-Marc Gay et il est publié aux éditions ETAI. Bien que trop concis sur la genèse de la 309 et faisant l’impasse sur sa carrière sportive, ce livre est un bon support pour toutes celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur la carrière de la 309.
Je vous conseille également le livre de Jean-Louis Loubet intitulé Les 7 vies de Poissy, une aventure industrielle. Edité par ETAI, ce livre présente de façon très complète la vie du site de Poissy qui a produit la 309 et qui a connu de nombreux propriétaires avant de passer sous l’emblème de la marque Peugeot (Ford, Simca, Chrysler et Talbot). Quelques pages sont consacrées au programme C28 qui donna le jour à la 309.