Talbot Arizona ou Peugeot 309

Il a souvent été écrit que la 309 aurait dû être badgée Talbot. Vrai ou faux ? lov4wheels vous apporte quelques éléments pour y voir plus clair sur le sujet.


Il était une fois… la Peugeot 309

L’histoire de la Peugeot 309 est à lire dans la rubrique Il était une fois. Vous y retrouverez de nombreux extraits de presse publiés tout au long de sa carrière.


La marque Peugeot a-t-elle vraiment eu l’intention de commercialiser le projet C28 sous la marque Talbot ? C’est, officiellement, ce qui avait été annoncé par la direction de l’entreprise aux salariés de Talbot. Composée des Samba (lire également l’histoire de la Samba dans la rubrique Il était une fois), Horizon, 1510 et Solara, la gamme Talbot est, au début des années 80, vieillissante et peu compétitive. Le lancement de l’éphémère Tagora ne changera rien à cela.

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Talbot Tagora (archives lov4wheels)

Pour survivre, la marque doit se renouveler et présenter un nouveau véhicule qui lui permettra de retrouver le succès. Ce nouveau véhicule, c’est le projet C28 ! Un nom a même été trouvé, c’est celui d’Arizona. Les finances n’étant pas au beau fixe, il ne doit pas engendrer des coûts démesurés. Il est alors décidé de reprendre la base de la 205 encore en cours de développement pour concevoir cette nouvelle auto. Les moteurs seront quant à eux issus de l’Horizon. L’habitacle est dessiné par le bureau de style de Talbot alors que la ligne extérieure est l’œuvre des équipes de Gérard Welter chez Peugeot.

Les premiers prototypes surpris par la presse montrent une voiture qui ne ressemble pas vraiment à une Peugeot… La calandre dispose de deux doubles barres et à l’arrière, les feux comportent de grands feux de reculs verticaux, un peu à la façon de… l’Horizon.

En 1982 puis, en 1984, le site industriel de Poissy fait face à des grèves très dures. Ces dernières surviennent à la suite des annonces faites par Peugeot de réduire les effectifs. Déjà malade, la marque Talbot souffre terriblement de ces grèves. Les rares voitures qui sont livrées ne sont pas conformes ou tombent en panne. L’image de la toute jeune marque se dégrade très fortement et rien ne semble pouvoir la sauver. Pire encore, les concessionnaires Peugeot – Talbot ne font rien pour mettre en avant les Talbot et dans les showrooms ces dernières sont absentes voire reléguées au fond des boutiques.

Dans l’ombre, le développement de la C28 se poursuit. La presse spécialisée publie de nouvelles photos qui montrent le stade avancé de la future voiture. Les feux arrière ont évolué dans leur dessin et un espace réservé au logo de la marque a été aménagé dans la calandre. Sur les photos publiées par L’Automobile Magazine en mars 1985, on distingue même en relief le logo de la future voiture. Ce dernier est rond… Comme celui de Talbot !

Le prototype C28 se retrouve exposé dans L’Automobile Magazine en mars 1985. Le logo de la calandre est sans nul doute possible celui de Talbot (archives lov4wheels)
Vue arrière du prototype C28 publiée dans L’Auto-Journal n°18 du 15 octobre 1985. Les feux sont définitifs mais le pare-chocs va encore évoluer pour accueillir la plaque d’immatriculation (archives lov4wheels)

Face aux énormes problèmes rencontrés par Talbot, la question de la poursuite du programme C28 se pose très probablement. Mais il est désormais trop tard pour le stopper. En effet, compte tenu de son avancement et des investissements déjà réalisés, le point de non-retour est atteint. C’est probablement au cours de l’année 1984 que la direction générale de Peugeot décide alors d’intégrer le projet C28 à la gamme Peugeot. Ce dernier viendra à point nommé pour seconder la 305 qui est en fin de vie !

Peugeot 305 GTX (archives lov4wheels)

Il faut en toute urgence lui donner un air de famille avec les autres modèles de la marque. Il est impossible de toucher aux pièces en tôle, cela coûterait trop cher et engendrerait un retard certain du programme. Seules les pièces en plastique peuvent être modifiées. C’est à ce moment là que la face arrière évolue : à la façon de la 205, la plaque d’immatriculation déménage dans le pare-chocs et une plaque grise (surnommée la planche à laver, comme pour la 205) prend place entre les feux. La calandre ne change pas, elle perd seulement sont T cerclé au profit du lion Peugeot.

Vue arrière de la 309 définitive (archives lov4wheels)

Il reste un point fondamental. Quel nom donner à cette future voiture ? Plus grosse que la 205, il semblerait logique de la nommer 305 mais le nom est déjà pris. 405 ne fonctionne pas non plus, le nom est préempté pour une future voiture en cours de développement. Certains, comme L’Auto-Journal font le pari de 206 mais retenir ce chiffre poserait problème pour le remplacement de la 205 qui arrivera tôt ou tard… Peugeot fait alors le choix du 9 et adopte pour la C28 le nom de 309 ! Le temps où la gamme en “09“ apparaitra semble alors bien lointain… Ce choix a été assez tardif ce qui explique que, sur les toutes premières photos officielles de la 309, le nom de la voiture n’apparait pas. Les logos n’étaient probablement pas prêts !

La première photo officielle de la 309 diffusée par la presse en 1985 (archives lov4wheels)

Ce choix du nom 309 explique aussi pourquoi la marque a récemment fait le choix de ne pas aller au-delà de la dénomination en “08“. Il aurait été probablement incongru de voir apparaitre une nouvelle 309 au moment de remplacer la 308. C’est ainsi que la remplaçante de la 208 s’appelle 208, la remplaçante de la 508 se prénomme 508 et la remplaçante de la 308 reste elle aussi cantonnée au chiffre 308 !

Un dernier point reste à éclaircir dans cette analyse du nom du programme C28. Lors d’une interview réalisée par Christophe Bonnaud pour la réalisation du livre retraçant la carrière du designer Gérard Welter (Gérard Welter – L’âge d’or du style Peugeot aux éditions Roger Regis), ce dernier dit de la 309 qu’il s’agissait initialement d’un programme destiné aux pays émergeants. Il est possible que ce soit vrai et que Peugeot ait alors vu dans ce programme une façon simple pour remplacer l’Horizon à moindres frais ! Conçue pour les pays émergeants, le programme C28 a finalement été intégré au plan produit Talbot puis, in fine, Peugeot.


Pour en savoir plus

Je vous conseille la lecture du livre Les 7 vies de Poissy, une aventure industrielle écrit par Jean-Louis Loubet et publié aux éditions ETAI.

A lire également le dernier livre de Dominique Pagneux intitulé Talbot 1978-1987 qui revient détail sur les modèles commercialisés par la marque (lire également l’article consacré à cet ouvrage dans la rubrique Livres).

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Talbot 1978-1987 (photo ETAI)

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