Porsche 959

« Mardi 15 avril 1986. Une date historique pour nous, journalistes automobiles. Nous avons voyagé dans le futur en prenant les commandes d’un véhicule qui appartient au 21ème siècle. Au troisième millénaire ! Quatre roues motrices surveillées par un ordinateur, 450 ch, 6 vitesses, 315 km/h, 4 places, 170 000 000 de centimes… » c’est avec ces mots que Jean-Pierre Malcher débute l’essai de la Porsche 959 dans le numéro 519 d’Auto Hebdo publié en avril 1986. lov4wheels revient sur l’histoire de cette voiture incroyable au travers des articles de presse publiés à l’époque de son lancement.


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La miniature

Trente-trois ans après la commercialisation de la Porsche 959, le célèbre fabricant de miniatures au 1/18ème et au 1/12ème GT Spirit, nous propose une réduction de ce laboratoire roulant à l’échelle du 1/12ème. Cette miniature rend elle hommage au chef d’œuvre de Porsche ? Oui, sans aucun doute possible ! Retrouvez la présentation détaillée de cette miniature dans la rubrique Voitures Miniatures.


C’est en 1983, dans les allées du Salon de Francfort, que le monde découvre la Porsche « Gruppe B », un concept car qui annonce la future 959. Il s’agit alors pour Porsche de construire une voiture devant courir en rallye, dans la catégorie dénommée Groupe B rendue célèbre par les Audi Quattro et, quelques années plus tard, par la Peugeot 205 Turbo 16. Cette catégorie impose aux constructeurs de vendre 200 exemplaires routiers identiques à la voiture de rallye. Les ingénieurs de Porsche décident de baser cette future voiture sur la Porsche 911.

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Porsche 959 – photo Porsche

Nous découvrons la genèse de cette Porsche dans le numéro 16 d’Automobiles Classiques publié en octobre 1986 : « Le coup d’envoi de cet exercice surprenant remonte au 21 janvier 1983, lorsque le directeur du service recherches et développement de Porsche, le professeur Helmut Bott, nomma l’ingénieur Manfred Bantle à la tête du projet 959. […] « Nous voulions développer une voiture à hautes performances, nous dit Manfred Bantle, qui pût garantir une sécurité optimale dans les conditions routières les plus diverses, et qui intégrât également de nouvelles solutions en matière d’exploitation des gaz d’échappement. Mais en plus de qualités routières exceptionnelles, cette Porsche devait avoir tout le confort possible. » Il va sans dire que la 959 n’a pas grand-chose en commun avec sa base de référence, à savoir la 911. De celle-ci elle reprend l’architecture à moteur arrière avec ses six cylindres, le toit, les portières et le pare-brise. Tout le reste est nouveau : les matériaux, les pièces et la technique. »

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Sketche de la Porsche 959 publié dans Automobiles Classiques

Une agressivité qui en sublime la pureté

Automobiles Classiques – octobre 1986

La version définitive de la Porsche 959 est présentée en 1986. Dans l’essai qu’il publie dans le numéro 16 d’Automobiles Classiques, Pierre Dieudonné compare la 959 à la Ferrari GTO. « En sortant des bureaux de Weissach (le centre d’études de Porsche en Allemagne, ndlr), le choc : elle est là, superbe dans sa robe rouge écarlate, comme pour mieux inciter à une comparaison avec la Ferrari GTO […] Les enseignements de l’étude aérodynamique ont magnifié avec splendeur la silhouette familière de la 911. On en retrouve tout le caractère dans la 959, ainsi que Porsche l’a voulu dès l’origine du cahier des charges, mais avec une agressivité qui en sublime la pureté. Le museau plus vorace, les phares inclinés, les passages de roues élargis et l’aileron arrière en tunnel parfaitement intégré, comme le rajout d’une poupe de sport prototype ».

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Porsche 959 – photo Porsche

Une vitrine de la technologie de son constructeur

La Moniteur Automobile

Outre son flat 6 biturbo de 2850 cm3 de 450 ch refroidi par eau, la 959 se distingue par un nombre impressionnant d’innovations pour l’époque. Elle dispose notamment de quatre roues motrices, de suspensions pilotées sur la version Confort, d’une répartition du couple moteur pouvant varier entre les trains avant et arrière selon des paramètres pré-établis, d’une hauteur de caisse asservie à la vitesse et d’un contrôle de la pression des pneus. Comme le précise le célèbre pilote Paul Frère dans les Carnets qu’il publie dans Le Moniteur Automobile, la Porsche 959 est bien plus qu’un muscle docile. Elle est avant tout une vitrine de la technologie de son constructeur ».

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Porsche 959 – photo Porsche

Un compteur gradué jusqu’à 340 km/h

Auto Hebdo – avril 1986

C’est sur le célèbre circuit du Nürburgring que Jean-Pierre Malcher prend en main la 959 pour Auto Hebdo.

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Essai de la Porsche 959 dans Auto Hebdo – avril 1986

« Première impression après trois virages, la 959 est aussi civilisée, confortable, docile et silencieuse qu’une 911 Turbo. A l’inverse des autres Groupe B qui n’ont que faire du confort de leurs occupants, la 959, non contente de pouvoir transporter quatre personnes offre le confort d’une berline haut de gamme. Il faut le voir pour le croire. Deuxième constatation, et là personne ne sera surpris : ça accélère ! Avec 450 ch et surtout 50 mkg de couple maximum, rien d’étonnant […] sachez que la 959 passe de 0 à 100 km/h en 3’’9 et de 0 à 200 en 14’’8. Sans commentaires ! En ce qui concerne le comportement routier, il est évident que ce n’est pas sur un circuit sec au revêtement parfait que l’on peut découvrir toutes les ressources de ce bolide qui demande à être vu à plus de 300 sur l’autoroute ».

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Porsche 959 – photo Porsche

C’est Paul Frère qui nous donne un aperçu de la 959 sur autoroute : « A part une certaine sensibilité au vent transversal, la 959 est maintenant (contrairement aux premiers prototypes conduits précédemment, ndlr) d’une stabilité irréprochable et j’ai pu prendre quelques grandes courbes d’autoroute offrant une bonne visibilité avec l’aiguille du compteur au-delà de 300, sans le moindre signe d’instabilité. Sur des routes sinueuses, la voiture semble rivée au sol et, grâce aux quatre roues motrices, toute la puissance peut être mise à profit pour catapulter la voiture hors de virages serrés sans exiger de correction. Jamais rien ne permet de soupçonner que le moteur – qui, avec tous ses accessoires tels que turbos, intercoolers, radiateurs d’eau, système d’échappement et compresseur de climatiseur, n’est pas des plus légers – est monté en porte à faux à l’arrière et j’ai eu un plaisir fou à parcourir plusieurs centaines de kilomètres sur les routes des Alpes françaises ».

Au moment de conclure son article, Paul Frère précise que « la Porsche 959 est probablement la voiture la plus rapide que j’ai eu l’occasion de conduire sur route. Mais elle est bien plus que seulement rapide. C’est une voiture absolument complète, aussi à l’aise en circulation urbaine que sur les plus rapides des autoroutes, une voiture qui n’est rebutée ni par les mauvais chemins, ni par des conditions hivernales où elle possède les qualités des meilleures voitures à quatre roues motrices – qui sait, c’est peut être LA meilleure ».


Produite à 283 exemplaires, la 959 reste, encore aujourd’hui, l’une des voitures les plus passionnantes de la production automobile. Première supercar de l’histoire avant la Ferrari F40, elle fait toujours rêver et fera encore rêver longtemps les passionnés d’automobiles.

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